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LE CAPITAL IMMATERIEL DES STARTUPS : UN LEVIER DE VALORISATION

  • Résumé
    Cet article montre l’apport de ce nouvel outil de valorisation comme un moyen très utile pour des startups qui possèdent très peu d’actif réel ou de chiffre d’affaires en début d’activité. Les méthodes fondées sur les documents comptables de base (liasse fiscale et documents annexes) sont souvent insuffisantes ou peu pertinentes. Il est préférable d’évaluer le potentiel futur de développement de celles-ci, à partir de leur capital immatériel. Il s’agit de suivre de façon régulière l’ensemble de leurs ressources tangibles et intangibles non enregistrées dans la comptabilité. Cela se fera au niveau individuel de chaque associé, mais aussi de manière globale au niveau de l’équipe. Nous nous limiterons aux éléments constitutifs du Capital humain et du Business model qui seraient tracés dans le système d’information. C’est ainsi la possibilité d’obtenir une meilleure évaluation des perspectives futures de développement  de l’entreprise. Le nouveau Système d’information qui en résulterait pourrait permettre une meilleure réactivité, grâce à une meilleure créativité (2 mots en anagramme).
    Citation : Trigano, G. (Mar 2022). LE CAPITAL IMMATERIEL DES STARTUPS : UN LEVIER DE VALORISATION. Management et Datascience, 6(1). https://management-datascience.org/articles/19588/.
    L'auteur : 
    • Gilles Trigano
       (triganogilles@gmail.com) - (Pas d'affiliation)
    Copyright : © 2022 l'auteur. Publication sous licence Creative Commons CC BY-ND.
    Liens d'intérêts : 
    Financement : 
    Texte complet

    La valorisation à partir du Système d’information comptable

    Les différents types d’actifs

    Il y a 4 types principaux d’actifs : corporel, financier, incorporel et immatériel.

    L’actif corporel se caractérise par la possession d’un bien qui peut être matériel (terrain, immeuble, machine, véhicule, marchandises,).

    L’actif financier (Titre de participation, VMP, créances, etc.) a une existence physique et de ce fait est valorisé de façon précise au bilan d’une entreprise et peut souvent faire l’objet d’amortissement ou dépréciation.

    L’actif incorporel résulte généralement d’une évaluation qui a donné lieu à une transaction : marque, droit au bail, brevet, licence, fonds commercial…mais est néanmoins valorisé au bilan de l’entreprise.

    L’actif immatériel, quant à lui, n’est pas valorisé au bilan mais peut toutefois représenter une part très importante de la valeur d’une entreprise.

    L’évaluation du Goodwill de manière soustractive

    Lorsque l’on veut évaluer la valeur immatérielle d’une entreprise et plus précisément son goodwill ou badwill, la démarche habituelle est généralement soustractive.

    Le Goodwill se trouvera alors par différence entre la valeur de marché et la valeur comptable, le plus souvent patrimoniale ou de rendement selon la méthode choisie.

    La valeur de marché n’est généralement pas connue, sauf pour les entreprises cotées en bourse.

    De plus, la valeur patrimoniale est souvent remise en cause puisqu’elle est fondée essentiellement sur un enregistrement comptable historique. La valeur de rendement quant à elle, est souvent peu pertinente pour une startup qui ne possède que très peu de chiffre d’affaires en début d’activité.

    Toutes deux s’appuient essentiellement sur le Système d’information comptable grâce à divers concepts comme :

    – l’ANCC (Actif net corrigé)

    – les DCF (Discounted Cash Flows)

    L’évaluation du Goodwill de manière additive

    Lorsqu’il devient important, ce qui est fréquemment le cas aujourd’hui avec les startups, il devient indispensable de savoir l’évaluer autrement que de manière résiduelle en se référant à la valeur de marché. On peut le faire, de manière monétaire, à partir du système d’information comptable, en se référant à des normes sectorielles pour chacune des différentes masses comptables.

    La valorisation à partir du système d’information non comptable

    Il s’agira également d’une évaluation du Goodwill de manière additive sans se référer directement au système comptable. C’est l’objet essentiel de cet article.

    Il s’agira de valoriser différents actifs immatériels, individuels ou collectifs.

    Dans un premier temps, on appréhendera l’ensemble des actifs individuels relatifs à chaque associé de la startup, à la fois matériels et immatériels. Ensuite, dans un deuxième temps, il faudra prendre en compte les actifs matériels et immatériels liés à l’équipe.

    L’ensemble de ces éléments conduira à une valorisation de la startup, non pas principalement en termes monétaires mais surtout en termes de perspectives de développement futur. Ce qui nous conduit à poser la problématique suivante :

    Dans quelle mesure peut-on suivre, à l’aide du système d’information non comptable d’une startup, les différentes composantes de son actif immatériel afin d’anticiper ses possibilités de développement ou de transmission ?

    Il s’agit tout simplement de faire l’inventaire de ce que l’on veut évaluer. On pourra ensuite les analyser de façon plus détaillée à partir de la décomposition en actifs tangibles ou intangibles.

    Nous nous focaliserons par la suite essentiellement sur le Capital humain et le Business model (BM). Le but est de suivre, via le système d’information non comptable, les éléments du Capital humain ou du BM qui permettent d’avoir une idée de la valeur future de la startup.

    Le capital humain d’une entreprise prend une place de plus en plus importante dans des entreprises où l’intelligence artificielle se substitue à la plupart des postes d’exécutants et même d’encadrement. Il réside dans l’agrégation de diverses compétences, aptitudes, connaissances, expérience ou créativité qui permet à l’entreprise une meilleure réactivité. Cela lui permettra d’être à la fois plus efficace et plus efficiente. C’est ce que tendent à démontrer les travaux de Laurent Cappelletti en 2010.

    Il s’agit donc d’être en mesure d’enregistrer et de suivre l’évolution de ces composantes dans le système d’information de l’entreprise, ce qui peut se réaliser assez aisément après la mise en place d’un ERP comme SAP HR par exemple.

    Dans un monde contraint à innover constamment, les « startup » deviennent complémentaires des grandes entreprises, dotées de moyens techniques importants.

    Cela suppose que les grands groupes acceptent de financer au démarrage ces petites entreprises créatives.

    De façon plus précise, nous détaillons ci-dessous l’ensemble de ces caractéristiques liées au Capital humain ou du Business Model qui peuvent être enregistrées dans le Système d’information non comptable de l’entreprise de manière régulière à une périodicité la plus souvent mensuelle ou annuelle.

    Valorisation au niveau individuel

    Les actifs tangibles d’un associé d’une start-up

    Un certain nombre d’actifs peuvent être considérés comme tangibles sans nécessairement être matériels. Ils ont une valeur sur le marché mais ne peuvent pas être cédés directement, sauf par le biais d’un contrat de travail qui en régit leur mise à disposition avec une grille de rémunération pratiquée sur le marché :

    -Niveau de formation initiale : Bac, Bac+2, Bac+3, Bac+5.

    -Expérience professionnelle en années

    -Niveau de langues étrangères

    -Compétences informatiques sur différents logiciels, langages de programmation, mise en œuvre de serveurs, etc…

    Avec un ERP et son module de GRH, on peut suivre l’ensemble des stages de formation accordés au personnel (décidés par l’entreprise) et les rapprocher des données de la comptabilité de gestion permise par l’ERP, afin de pouvoir prendre des décisions réactives.

    Les actifs intangibles liés à un associé

    Néanmoins, les actifs tangibles doivent souvent être pris en compte parmi un certain nombre d’actifs immatériels qui permettront de les valoriser et de nature individuelle ou collective.

    Créativité

    On pourra s’appuyer sur les dépôts de marques, les brevets d’invention, les enveloppes Soleau, les articles publiés, les publications ou vidéos postées par chaque associé.

    Il faudra ensuite les pondérer en fonction du nombre de produits vendus, le nombre de vues obtenu par une vidéo ou un article. Il faudra également enregistrer le nombre de « like » ou de commentaires récoltés sur les réseaux sociaux. Il faudra aussi apprécier la qualité des followers enregistrés sur un réseau social.

    Charisme

    Celui-ci pourra être noté par des enquêtes réalisées auprès du personnel et également des clients et voir de quelle façon celui-ci évolue au fil du développement d’un projet. Toutes ces notes pourront être enregistrées dans le système d’information.

    Humour

    L’humour prend une place de plus en plus reconnue dans le fonctionnement des entreprises comme l’ont montré Stéphane Le Lay et Barbara Pentimalli en 2013.

    On pourrait en faire de même avec un certain nombre d’autres critères comme l’empathie, la générosité, etc…

    Valorisation au niveau de l’équipe

    Les éléments matériels

    Ils sont généralement faibles pour une startup qui possède peu de moyens au démarrage, mais on peut néanmoins tenir compte des outils dont elle dispose : ordinateurs, imprimantes, réseaux, etc

    Les actifs immatériels

    Nous nous focaliserons essentiellement sur les éléments immatériels suivants :

    Le Business model (BM)

    Il ne s’agit pas uniquement d’être créatif, les produits ou services proposés doivent être vendables et répondre à un modèle économique viable. C’est pourquoi un jury devra être constitué pour juger de la pertinence du business model proposé et défendu par le candidat. Un business plan ne présente un intérêt que si le business model qui le sous-tend est solide et justifié.

    Les systèmes d’information traditionnels sont généralement inadaptés à la complexité des nouveaux modèles économiques.

    Le système d’information permettra d’enregistrer l’ensemble des avis clients et de les historiser afin de voir leur évolution et de les mettre en relation avec les efforts accomplis par l’équipe.

    On peut regarder l’évolution du portefeuille de produits en termes de CA, à l’aide d’un ERP qui va permettre une approche analytique afin de voir l’évolution des ventes par produits.

    On peut analyser également l’évolution des rentabilités, notamment en calculant les marges brutes, marges sur coûts variables, etc… et montrer ou prédire comment le BM est en train de se modifier.

    Le BM apparaît comme une notion transversale qui intègre tout d’abord des aspects relatifs à la stratégie de l’entreprise, mais aussi au marketing concernant les clients et la politique de prix et également de contrôle de gestion de par l’analyse de la structure des coûts.

    Certains auteurs ont essayé d’étudier plus précisément certaines ressources mercatiques et stratégiques comme le Business Model (BM).

    Il s’agit d’étudier en quoi se traduit sa souplesse ou sa rigidité. On parle également de scalabilité du Business model. En effet, on constate sur le terrain, notamment chez les incubateurs, les clusters ou les accélérateurs, que la plupart des startups changent de business model voire même souvent de produit. L’important, c’est le potentiel de l’équipe et la souplesse de son modèle.

    Dans cette perspective, Chesbrough et Rosembloom n’ont identifié en 2000, que trois citations pour l’expression « Business model » dans la base de données Econolit de la recherche mondiale académique en management.

    À cet effet, nous pouvons prendre en compte les travaux de J.Magretta en 2002. : « Why Business Model Matter ».

    L’ambiance

    Un créateur de start-up peut s’avérer excellent dans une équipe et ne pas parvenir à s’adapter à une autre équipe, simplement parce que l’ambiance entre les membres, les relations avec les clients, le rôle du manager ne lui conviennent pas. Ce n’est pas parce qu’une start-up recrute des collaborateurs de haut niveau, chacun à son poste, que pour autant l’équipe réussira et sera la meilleure sur le projet envisagé.

    Cela commence à se faire déjà avec des systèmes issus de l’intelligence artificielle développés notamment par IBM qui analysent en temps réel, l’humeur générale qui règne dans une entreprise. Celle-ci peut être analysée avec la prise en compte des messages postés sur les réseaux sociaux et sur le système d’information de l’entreprise.

    L’intégration dans un cluster

    Il faudra pouvoir enregistrer dans le système d’information, l’ensemble des liens qu’elle aura pu tisser tout au long de sa présence et si celle-ci a donné lieu à des articles de recherche ou des partenariats avec des laboratoires ou grandes entreprises.

    Ainsi, Dong a montré que les intrapreneurs explorent de nouvelles pistes de croissance au sein d’une entreprise existante et sont en concurrence avec les entrepreneurs qui lancent de nouvelles affaires.

    Les passifs immatériels

    Ils sont à la base de la constitution d’un badwill dans l’entreprise qui se traduit par une résistance dans l’entreprise, notamment au changement.

    Il faut néanmoins considérer qu’il peut exister des éléments soustractifs, et c’est ainsi que nous avons développé une nouvelle notion qui se limite apparemment à ce jour que dans la notion de badwill.

    En définitive, cette nouvelle vision vient pallier les insuffisances du système comptable qui par sa nature d’historisation est tourné sur le passé alors que le système d’information non comptable se positionne sur le présent et ses conséquences prévisibles sur le futur de l’entreprise.

    Bibliographie

    Cappelletti, L. (2010). Vers un modèle socio-économique de mesure du capital humain?. Revue française de gestion, (8), 139-152.

    Dong, H. (2016). Competitive advantage of intrapreneurs in start-up business: A dynamic model. Journal of Business, 1(2), 08-12.

    Le Lay, S., & Pentimalli, B. (2013). Enjeux sociologiques d’une analyse de l’humour au travail: le cas des agents d’accueil et des éboueurs. Travailler, (1), 141-181.

    Magretta, J. (2002). Why business models matter. Harvard Business Review. May.

     

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