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Geoffrey Martinache
(g.martinache@eductive-groupe.com) - Esupcom
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Entre évolution des usages et arrivée de nouvelles technologies, l’heure est à la rupture pour l’ensemble des acteurs du secteur. L’apparition de contenu pédagogique sur le web ou sur des diffuseurs comme Netflix ou Youtube pousse les leaders du marché à interroger les fondements de leurs pratiques : développement de pédagogies expériencielles ou adaptation immédiate aux besoins du marché pour répondre d’une part aux besoins de nouvelles compétences des professionnels qui recrutent et d’autre part à l’attention toujours plus volatile des étudiants. Pour répondre à ces transformations, l’école a tendance à devenir une plateforme d’intelligence collaborative plaçant l’étudiant et son besoin de formation au cœur du dispositif au service de l’employabilité de toute une génération de jeunes professionnels talentueux. La révolution algorithmique libère un potentiel d’opportunités sans précédent et perturbe encore davantage la manière de proposer des formations et de construire le projet professionnel d’un apprenant, de lui proposer des parcours individualisés adaptés à sa personnalité, ses talents et à son projet professionnel.
La principale révolution dans le domaine de la formation est la manière d’enseigner, identique depuis le XIXème siècle. A l’heure où le collaboratif l’emporte, la hiérarchie d’une salle de cours structurée autour d’un enseignant qui déverse son savoir sur un ensemble des élèves comme s’il remplissait un vase est absolument obsolète. Le corollaire à cet état de fait c’est que les enseignants préparent mal aux enjeux du monde professionnel de demain. La croissance de l’économie est intimement liée au potentiel d’innovation des entreprises. L’enseignement académique traditionnel descendant impose aux apprenants des concepts généralistes et abstraits impossibles à vérifier dans la réalité qui schématisent les situations professionnelles réelles. Alors que nos étudiants vont changer statistiquement 10 à 15 fois de métiers, il est plus nécessaire que jamais de cultiver chez eux leur capacité d’innovation, d’adaptabilité, d’autonomie, de responsabilité. Dans une progression pédagogique basée principalement en France sur la capacité d’ecoute de l’enseignant, de prise de note au mot près parfois et de restitution par cœur de théories obsolètes, il est difficile de permettre aux jeunes d’acquérir ces compétences transversales. On ne peut pas préparer l’avenir avec les outils du passé.
Par ailleurs les apprenants d’aujourd’hui sont des slashers. Ils éprouvent toutes les difficultés du monde à choisir et veulent cumuler plusieurs métiers, pour mener une vie professionnelle épanouissante. Ils choisissent de ne pas entrer dans un moule et font le choix de l’ubiquité professionnelle. Que l’on conçoive ce phénomène comme un trait générationnel ou comme un rempart contre le chômage, cela leur permet de concilier souvent passion et besoins économiques. Pour eux, aucun parcours n’est linéaire, tous sont organiques. Ils cherchent donc, par de petites formations, à construire leurs compétences, à s’ajuster en permanence avec leur personnalité, leurs centres d’intérêts, les circonstances, les opportunités. Il est donc difficile de les enfermer dans un tunnel éducatif duquel ils auront beaucoup de difficultés à sortir. Il est préférable de leur proposer en complément une solution technologique pour acquérir rapidement les compétences dont ils ont besoin pour répondre à la demande qu’ils ont devant eux.
Aujourd’hui, la connaissance est accessible immédiatement et gratuitement sur le net. Les jeunes générations ne reconnaissent plus l’autorité d’un référent lorsqu’ils sont confrontés à un problème mais préférent solliciter leurs communautés. L’éducation ne peut donc plus valoriser son activité par de l’apport ou de la création de contenu. Les murs de la classe ont été détruits. Auparavant, alors un élève allait dans les établissements primaires secondaires de sa ville pour s’engager ensuite vers des études supérieures dans l’université la plus proche qui avait pour vocation de fournir en nombre suffisant les professionnels sur son secteur géographique. Le cursus était linéaire et fléché. Dans notre société actuelle, la solidité d’un profil ne dépend plus uniquement de l’acquisition d’un diplôme mais de la construction d’expériences professionnelles impactantes pour affronter un contexte économique fluctuant et incertain. Plus aucun apprenant n’est une ile. Le parcours est devenu hybride. La situation d’apprentissage n’exige plus qu’un enseignant et un étudiant soient réunis dans une meme classe. Il est donc possible de s’affranchir du rythme imposé par le calendrier scolaire où l’on valide en fin d’année l’ensemble des compétences.
La mise en place d’une stratégie data driven perturbe les codes de la formation : quel équilibre entre les besoins pédagogiques, les compétences demandées par le marché et les recommandations algorithmiques ? Mieux connaitre l’apprenant et l’orienter vers sa propre connaissance est un enjeu périlleux et incertain pour tout enseignant. La technologie pour gérer la data est d’ors et déjà disponible et permet de gérer ce problème de pédagogie.
Si l’apprentissage grâce à la technologie peut se faire à distance, la data peut nous permettre de nous détacher de l’empilement des connaissances pour proposer des parcours individuels en cartographiant les compétences dont il aura besoin pour concrétiser son projet professionnel en capitalisant sur ses talents naturels et en comblant ses manques. Le contenu lui sera apporté en fonction de son expérience antérieure, de ses besoins et du contexte professionnel dans lequel il souhaite évoluer. Un feed back permament avec ses formateurs lui permettra de se situer dans l’acquisition des compétences de sa cartographie et ses compétences pourront être validées en temps réel grâce à la génération automatique de QCM ou de simulation de situations en réalités virtuelles. Il sera possible de compléter sa formation par des pushs émanant de journaux ayant pris position sur des sujets identiques ou complémentaires. La data permettra de lutter contre l’échec. En fonction des videos de cours choisies, du temps passé et de son historique l’algorithme recommandera du contenu de remédiation ou de complément d’information, donnant l’impression que l’application les connait mieux qu’eux-mêmes. La connaissance de chaque profil d’étudiant permettra d’ajuster l’offre de formation au niveau de chacun, de l’orienter vers un contenu plus simple en proposant une progression pédagogique maitrisée. Il sera possible de capter des signaux faibles permettant d’éviter le découragement ou l’abandon de l’étudiant et d’engager l’intervention personnalisée d’un formateur. Le système de recommandation sera affiné par l’identification des communautés de gout des apprenants correspondant aux chemins parcourus d’un contenu à l’autre. Il sera possible de cibler les formations les plus demandées pour répondre aux bassins d’emploi où l’apprenant se trouve. Par une stratégie customer centric, ce système de recommandation repose sur l’apprentissage machine, sur l’apprentissage statistique et sur un ciblage comportemental. La recherche de l’adhésion des cibles est au cœur de l’utilisation des datas. Dans ce contexte l’enseignant ne donnera plus de cours mais sera un expert capable de cartographier les compétences nécessaires de l’apprenant en fonction de son parcours antérieur et de son projet professionnel.
La recommandation est au cœur de l’utilisation de la data par les organismes de formation. Elle vise également à permettre au système d’identifier un public pour des formations de niche auprès d’un public segmenté. Au-delà de permettre de maximiser l’exploration du catalogue, elle permet aussi de répondre à des besoins pédagogiques tout en gardant une fluidité et une adaptabilité dans la gestion du contenu et dans l’apprentissage. Les apprenants sont bien sûr libres dans leur progression et dans l’organisation du temps tout en respectant les objectifs qui leur ont été donnés mais aussi incités à mettre en place une collaboration entre eux contrairement aux formes d’enseignements traditionnelles où l’étudiant est passif.
Autrement dit, l’utilisation de la data dans la formation permet donc de proposer des parcours individualisés répondant aux besoins du marché en proposant à l’apprenant d’être en parfaite autonomie d’apprentissage, de se servir de son propre esprit sans être dirigé par celui d’un autre. Partant, l’assimilation au cœur de la démarche d’apprentissage est donc un processus de construction et non de reproduction. Il n’y a pas d’incorporation dans l’esprit de l’apprenant de la représentation imposée par quelqu’un, mais il y a une reconfiguration de la réalité par l’apprentissage.
Plusieurs acteurs sont arrivés sur le marché et l’utilisation de la data dans la gestion de leurs formations. Ils sont un parfait moyen pour des groupes d’enseignement supérieur de saisir l’opportunité, de compléter leur offre de services et former les acteurs du changement. Rêve lointain ou véritable levier de transformation ? La gestion de la data ne peut en aucun cas se substituer aux écoles reconnues et réputées. Elle reste un moyen dans la conception de solutions à des problèmes qu’il faut d’abord savoir comprendre et analyser.
Contrairement à ces acteurs nouveaux, des établissements prestigieux comme l’EM normandy, Polytechnique, Télécom ParisTech, Skema prennent le sujet très au sérieux et proposent des formations en rapport avec la data. Ils travaillent également sur l’apport de la data dans les parcours des étudiants. Ces écoles sont néanmoins d’accord sur un point essentiel, l’hyperspécialisation n’est plus la clé de la réussite. Il est nécessaire de permettre aux étudiants d’acquérir des compétences larges et rapidement à la fois techniques mais aussi stratégiques et managériales. Ils savent depuis longtemps l’impérieuse nécessité d’apprendre à travailler avec la data, de connaitre parfaitement l’écosystème digital. Les apprenants ont ensuite la possibilité de suivre de petites formations pour devenir compétents sur un point précis répondant à leur besoin.
Le groupe Eductive, un des groupes leaders de l’enseignement supérieur privé, a toujours su développer des diplomes et des marques fortes. Eductive a conçu un bachelor digital qui prépare très tot, dès la deuxième année, les étudiants a travaillé avec de la data. Dès le début de leur formation, ils travaillent sur des projets réels avec des marques reconnues comme Shazam, Coca Cola, AirBnB ou Disney pour leur permettre d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour comprendre la révolution digitale, gérer la complexité des enjeux et accompagner l’économie créative.
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